Entendre ce qui n’est pas dit

09 janvier 2024
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Savez-vous que l’ouïe est le dernier de nos sens à s’éteindre lorsque nous quittons ce monde, après être resté actif vingt-quatre heures sur vingt-quatre durant toute notre vie ?

De la naissance

N’est-ce pas merveilleux d’apprendre qu’au cœur des bruissements du liquide amniotique, un nourrisson fait déjà la différence entre les sons graves et les sons aigus ?

Ce sens fabuleux dont la nature nous a doté poursuit son développement après la naissance, pendant que le bébé se retrouve immergé dans l’écho sonore de sa famille. Ainsi, l’enfant s’apaisera lorsque vous lui parlerez doucement mais sursautera en présence d’un bruit incongru. Un écoulement d’eau lui signalera l’heure du bain tandis que le tintement des assiettes lui annoncera l’imminence du repas. Cette immersion sonore à trois cent soixante degrés construit donc les repères dont le bébé se servira pour appréhender son environnement et interagir avec lui.

A l’âge adulte

Si l’écoute nous donne les clés du monde qui nous entoure, elle modifie aussi notre connexion aux autres, selon que nous choisissons d’écouter en profondeur ou superficiellement. Ainsi, être sensible à la voix blanche d’une personne angoissée nous rapprochera d’elle, tandis qu’ignorer cette détresse nous privera d’un lien plus authentique et plus profond.

Se connecter ou s’isoler

Ce merveilleux canal de connexion est pourtant mis à rude épreuve dans notre quotidien envahi par le bruit. Pour nous protéger de cette pollution sonore, nous sommes souvent tentés de nous isoler à l’aide de casques ou d’écouteurs, afin de choisir librement ce que nous avons envie d’entendre.

Cette recherche légitime d’apaisement, rappelant celle de l’enfant calmé par la voix familière de sa mère, revêt l’inconvénient de canaliser le champ de nos échanges avec le risque de nous priver de la spontanéité de tout un monde en mouvement. 

Donner du sens à nos expériences

Comment trouver la voie du juste milieu ? Peut-être en pratiquant l’écoute active. Cette qualité d’attention, ouverte et silencieuse, permet à l’autre de s’exprimer librement et de déposer ce qui l’enchante ou ce qui le préoccupe dans un espace dénué de tout jugement. Cette approche permet d’ouvrir des portes lesquelles, hors de cet espace, resteraient fermées. 

Mais au-delà des informations qu’elle nous procure, l’écoute peut aussi nous inciter à agir. Ne vous êtes-vous jamais senti encouragé par le récit d’une personne qui semblait avoir vécu la même chose que vous et racontait de quelle façon elle avait réussi à surmonter ses difficultés ?

Nous vibrons à l’évocation de certains événements parce qu’ils font écho avec nos ressentis et donnent du sens à nos vies. De ce point de vue, l’écoute n’a rien d’une activité passive mais représente, au contraire, un fabuleux moyen d’élargir nos horizons. 

BLEU ENCRE, Anita Hochstetter

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