« J’ai toujours peur de ne pas trouver les mots justes ! »

16 avril 2024
Non classé

Cette phrase, je l’entends souvent et la première question qui me vient à l’esprit c’est pourquoi cette peur est-elle là ? 

POURQUOI est un mot que j’aime beaucoup, car en lieu et place de juger, il cherche à comprendre en nous invitant à regarder au-delà des apparences. J’utilise régulièrement cette forme de questionnement philosophique pour entraîner mon esprit à quitter les chemins balisés. J’aime aussi proposer ce type de réflexion dans mes ateliers d’écriture, parce qu’elle fait apparaître des éléments qui parfois, viennent un peu nous bousculer.

Exercice pratique :

– Pourquoi ai-je de la difficulté à trouver mes mots ?

– Réponse possible (il y en a d’autres) : Parce qu’on m’a toujours dit que j’étais nul en orthographe !

– Pourquoi ce jugement influe-t-il sur ma capacité à écrire ?

– Parce qu’il insinue le doute dans mon esprit.

– Pourquoi ce doute m’empêche-il de m’exprimer ?

– Parce que je crains d’être pris en flagrant délit d’incompétence !

– Pourquoi me jugerait-on incompétent ?

– Parce que le milieu professionnel ne valorise que la performance.

– Pourquoi chercher à être performant à tout prix ?

– Parce que cela rassure.

– Pourquoi la performance est-elle rassurante ?

– Parce qu’elle donne un sentiment de maîtrise.

– etc.. 

Je pourrais continuer mais je pense que vous avez saisi l’idée, qui consiste à toucher du doigt la vraie problématique, afin de trouver le moyen de la résoudre. Dans cet exemple, la personne associe écriture et maîtrise, ce qui la maintient prisonnière au lieu de l’encourager à oser.

Chasser vos doutes consistera à congédier le censeur (réel ou imaginaire) qui se penche sur votre épaule et vous susurre : « Ton texte est nul, tu n’as rien de valable à dire ». Car en réalité, vous avez beaucoup de choses à dire mais vous les taisez, de peur d’être jugé.

Dans les ateliers d’écriture que j’anime, chacun.e est le rédacteur en chef de ses propres sujets. Je veux dire par là que l’objectif n’est pas de produire des textes estampillés « parfaits » mais d’avoir la curiosité de les placer dans le réel pour voir l’effet qu’ils produisent. Le tout dans un espace totalement « safe » qui n’est pas là pour vous juger. Le seul risque que vous courez est de découvrir que vous avez bien plus d’imagination que vous ne le pensez. Et croyez-moi, ressentir cette émotion, c’est fou ce que ça libère comme énergie !

BLEU ENCRE, Anita Hochstetter

I have a dream

10 avril 2024
Non classé

Si cette phrase est devenue célèbre, ce n’est pas la conséquence d’un heureux hasard ou d’un alignement favorable des planètes. Non, si ces quatre mots ont réussi à traverser les époques, c’est parce qu’ils ont permis à des milliers de personnes de s’y reconnaître et d’espérer un avenir meilleur.

Pourquoi cet exemple ? Parce qu’écrire une phrase capable de marquer les esprits pourrait, à première vue, sembler à la portée de chacun. Mais tout en étant convaincue des infinies capacités créatives de l’être humain, je sais que c’est loin d’être un exercice aussi facile.

Résumer l’espoir en quelques mots nécessite sans aucun doute un patient travail de réflexion et une grande clarté mentale. Car c’est en analysant sans relâche nos mouvements les plus intimes que l’on apprend à discerner les variations de rythme du monde qui nous entoure.

J’aime beaucoup la vision de Colette qui recommandait « d’écrire comme personne avec les mots de tout le monde ». Je suis aussi sensible aux métaphores, comme celle de la fleur de lotus qui fleurit dans la vase et qui, par sa beauté, est capable de transformer votre vision de la boue. Car c’est bien là, dans la boue de la vie, que vous devrez plonger vos doigts si vous voulez que l’on se souvienne de vos mots. 

Avoir passé beaucoup de temps à éclairer mes zones d’ombre me permet aujourd’hui de créer de la beauté là où règne la dysharmonie. En d’autres termes, d’écrire avec fluidité ce qui vous vient à l’esprit. Il paraît qu’on appelle cela sa « zone de génie ». 

Et vous, quelle est votre zone de génie ?

BLEU ENCRE, Anita Hochstetter

Entendre ce qui n’est pas dit

09 janvier 2024
Non classé

Savez-vous que l’ouïe est le dernier de nos sens à s’éteindre lorsque nous quittons ce monde, après être resté actif vingt-quatre heures sur vingt-quatre durant toute notre vie ?

De la naissance

N’est-ce pas merveilleux d’apprendre qu’au cœur des bruissements du liquide amniotique, un nourrisson fait déjà la différence entre les sons graves et les sons aigus ?

Ce sens fabuleux dont la nature nous a doté poursuit son développement après la naissance, pendant que le bébé se retrouve immergé dans l’écho sonore de sa famille. Ainsi, l’enfant s’apaisera lorsque vous lui parlerez doucement mais sursautera en présence d’un bruit incongru. Un écoulement d’eau lui signalera l’heure du bain tandis que le tintement des assiettes lui annoncera l’imminence du repas. Cette immersion sonore à trois cent soixante degrés construit donc les repères dont le bébé se servira pour appréhender son environnement et interagir avec lui.

A l’âge adulte

Si l’écoute nous donne les clés du monde qui nous entoure, elle modifie aussi notre connexion aux autres, selon que nous choisissons d’écouter en profondeur ou superficiellement. Ainsi, être sensible à la voix blanche d’une personne angoissée nous rapprochera d’elle, tandis qu’ignorer cette détresse nous privera d’un lien plus authentique et plus profond.

Se connecter ou s’isoler

Ce merveilleux canal de connexion est pourtant mis à rude épreuve dans notre quotidien envahi par le bruit. Pour nous protéger de cette pollution sonore, nous sommes souvent tentés de nous isoler à l’aide de casques ou d’écouteurs, afin de choisir librement ce que nous avons envie d’entendre.

Cette recherche légitime d’apaisement, rappelant celle de l’enfant calmé par la voix familière de sa mère, revêt l’inconvénient de canaliser le champ de nos échanges avec le risque de nous priver de la spontanéité de tout un monde en mouvement. 

Donner du sens à nos expériences

Comment trouver la voie du juste milieu ? Peut-être en pratiquant l’écoute active. Cette qualité d’attention, ouverte et silencieuse, permet à l’autre de s’exprimer librement et de déposer ce qui l’enchante ou ce qui le préoccupe dans un espace dénué de tout jugement. Cette approche permet d’ouvrir des portes lesquelles, hors de cet espace, resteraient fermées. 

Mais au-delà des informations qu’elle nous procure, l’écoute peut aussi nous inciter à agir. Ne vous êtes-vous jamais senti encouragé par le récit d’une personne qui semblait avoir vécu la même chose que vous et racontait de quelle façon elle avait réussi à surmonter ses difficultés ?

Nous vibrons à l’évocation de certains événements parce qu’ils font écho avec nos ressentis et donnent du sens à nos vies. De ce point de vue, l’écoute n’a rien d’une activité passive mais représente, au contraire, un fabuleux moyen d’élargir nos horizons. 

BLEU ENCRE, Anita Hochstetter

Que 2024 vous donne le courage d’écrire votre propre histoire !

31 décembre 2023
Non classé

Je ne suis pas entrée tout de suite. Cette grande porte fermée m’impressionnait un peu ! Je voulais surtout savourer cet instant de pure liberté dont j’avais tant rêvé

Lorsque j’ai posé ma main sur la poignée, mes doigts tremblaient non pas de peur, mais d’excitation à l’idée d’entrer dans ce nouveau décor. En même temps, je ne voulais rien précipiter tout en mourant d’envie de laisser libre cours à mon exaltation.

Une fois la porte ouverte, j’ai fait quelques pas dans ce lieu qui semblait m’attendre depuis une éternité et un brusque sursaut de panique m’a saisie. J’avais du mal à réaliser que c’était vrai !

J’ai cherché du regard quelque chose capable de me donner du courage et mes yeux se sont arrêtés sur une rangée de livres aimés rangés sur une étagère. Rassurée, je me suis installée à ma table de travail.

Imaginer d’abord, parce que c’est ainsi que tout commence !

Puis entrer dans l’espace fécond de la création, où le temps s’étire au rythme des idées.

Mais parfois aussi, inviter ma solitude à prendre le thé, en attendant que revienne mon inspiration.

Chaque matin, je me suis assise face mes désirs, à mes idées, à mes craintes et à mes démons. Et chaque matin, je les ai regardés se chamailler en essayant de trouver des solutions pour les aider à communiquer.

Patiemment, j’ai appris à traiter avec chacun d’eux, en rêvant du jour où ils s’entendraient parfaitement. Et à l’heure où j’écris ces lignes, cela n’est pas encore arrivé. Mais ce n’est pas grave car un matin, en ouvrant la fenêtre et en regardant l’aube rose se lever, j’ai compris.

Compris que pour avancer, il faut parfois redevenir un débutant, qu’accepter ses faiblesses fait partie du jeu et que pour découvrir ses forces, il faut savoir oser. Car personne ne sait de quoi il est capable tant qu’il ne l’a pas expérimenté. C’est ainsi que j’ai créé Bleu Encre, qui va fêter sa première année d’activité.

Tout compte fait, 2023 aura été une année parfaite pour m’aider à intégrer de nouvelles données. D’autres ne tarderont d’ailleurs pas à m’être enseignées, pour peu que je maintienne mon esprit curieux et mon cœur ouvert. 

Que 2024 vous donne le courage d’écrire votre propre histoire !

BLEU ENCRE, Anita Hochstetter

Renaître

12 juin 2023
Non classé

Tu viens de faire un choix important, peut-être le plus significatif de toute ta vie. Tu t’es choisie ! 

Après avoir passé de longues années à orienter ton regard vers les autres, tu as enfin décidé de le tourner vers toi. Alors évidemment, le face à face est un peu déstabilisant, comme lorsqu’on retrouve quelqu’un perdu de vue depuis longtemps. Cette personne avec laquelle tu as été intime et qui a partagé tes secrets a beaucoup changé, même si au fond, c’est bien elle, tu la reconnais.

En l’observant attentivement, tu réalises qu’elle a perdu son insouciance. Est-ce le prix à payer pour une vie réussie ? Elle te parle longuement de ses rêves, de sa volonté d’y arriver et de son énergie illimitée, et la simple évocation de ces souvenirs la plongent dans un abîme de nostalgie. La voilà maintenant qui pleure, sans que tu aies eu le temps de réaliser ce qui est en train de se produire.

Tu t’assieds auprès d’elle et tu l’entoures de tes bras. La voir si vulnérable te brise le cœur. Tu restes un long moment silencieuse dans cette proximité bienveillante et tu lui promets de rester là. 

(suite…)

Faire semblant !

26 mai 2023
Non classé

Récemment, quelqu’un m’a dit que j’étais particulièrement nulle pour faire semblant ! 

Cette phrase m’a vraiment réjouie, parce qu’elle est vraie. Et parce qu’à mes yeux, c’est une qualité et non un défaut. Est-ce qu’elle me sert ? Pas toujours. Même si je m’efforce de choisir soigneusement mes mots pour dire (ma) vérité (puisque chacun a la sienne) il arrive que certaines de mes prises de position soient mal interprétées. Pourtant, je ne peux faire autrement que rester fidèle à mes convictions car c’est, de mon point de vue, la seule manière d’avancer.

Des questions qui en cachent d’autres

Vous connaissez cette phrase qui dit : On fera les comptes à la fin ! Dans le même esprit, lorsqu’une trajectoire de vie arrive à son terme, vient l’heure du bilan. Ai-je assez donné ? Ai-je assez travaillé ? Ai-je réussi ? Mais derrière toutes ces questions, s’en cachent d’autres, bien plus profondes : Ai-je été vu ? Ai-je été compris ? Ai-je été aimé ?

Car ce qui nous importe réellement, c’est de savoir si notre vie sert à quelque chose. Cet espoir que nous portons tous est notre part d’humanité. Elle est précieuse et se révèle au quotidien lorsque nous secourons quelqu’un, lui tendons la main ou lui offrons une oreille attentive et non jugeante.

Mais ce que nous ne voyons pas, c’est qu’en agissant ainsi, c’est nous-mêmes que nous secourons. Nous consolons cet être que nous avons perdu de vue, cette personne si désireuse de bien faire qu’elle ne pense qu’à répondre aux sollicitations extérieures, dans une course parfois sans fin.

Briser les schémas limitants pour trouver la sécurité intérieure

Dès lors, pas étonnant qu’à l’heure du bilan, nous ayons l’impression d’être passé à côté de quelque chose. Et ce quelque chose, c’est nous. Alors au lieu de suivre les chemins mensongers qu’emprunte notre ego pour nous rassurer, posons-nous plutôt les bonnes questions : 

  • Suis-je fidèle à mes valeurs ou est-ce que je me contorsionne pour entrer dans un cadre de références qui n’est pas le mien ?
  • Suis-je authentique ou est-ce que j’incarne l’image que d’autres ont besoin que je leur renvoie ?
  • Quand me suis-je félicité pour la dernière fois au lieu de m’imposer de nouvelles conditions ?

Etre doux envers soi-même, ce n’est pas être faible, comme on nous l’a souvent répété. C’est se respecter suffisamment pour se donner la priorité lorsque c’est nécessaire. C’est s’aimer au point de se faire entièrement confiance. Et c’est finalement constater que ce chemin mène vers la sécurité intérieure, celle que personne ne pourra nous enlever.

Bleu Encre, Anita Hochstetter

Le pouvoir des mots

20 avril 2023
Non classé

J’ai développé une obsession pour les mots justes. Mon propos n’a pas pour objet les fautes d’orthographe – qui sautent aux yeux de toute rédactrice normalement constituée – mais évoque le pouvoir des mots, qui s’étend bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer.

Avez-vous déjà fait cette expérience ? Vous êtes en train de lire un texte, de façon un peu distraite, quand tout à coup vous tombez sur un mot (ou une phrase) qui marque votre esprit. Vous poursuivez votre lecture et vous constatez, avec une pointe d’agacement, que le mot en question ne vous quitte pas. En réalité, il vous suit.

Certaines personnes s’interrogeront peut-être sur ce terme avant de l’oublier. Mais si vous êtes comme moi, il est probable que cette tournure de phrase vous poursuive jusqu’à ce que vous la compreniez. Car elle a quelque chose à vous dire, et inconsciemment vous le savez.

Pourquoi certains mots ont-ils cette capacité à monopoliser notre attention tandis que d’autres se fondent dans le décor ? Tout simplement parce que chaque mot qui nous remémore une expérience reste associé à la perception que nous en avons gardée et ce, quel que soit le contexte. En d’autres termes, certains mots provoquent une réaction physique et émotionnelle difficile à maîtriser qui impactera inévitablement nos décisions.

J’en ai fait l’expérience récemment à la réception d’un courriel publicitaire. Ce texte comportait une phrase d’accroche totalement inappropriée (à mon sens) qui a eu pour effet de doucher instantanément mon intérêt. Pourtant, à première vue, cette phrase semblait anodine. Je l’ai donc fait lire à d’autres personnes et j’ai constaté la même réaction négative que la mienne, preuve que ma perception n’était pas erronée.

Prenons un autre exemple tiré de la vie quotidienne : Si quelqu’un vous dit : « Vous êtes bizarre », il est probable que vous vous sentiez jugé, voire exclu. Par contre, si l’on vous déclare : « Vous êtes vraiment une personne inclassable », vous ressentirez immédiatement un sentiment d’unicité, voire de fierté. Voilà comment deux adjectifs, aux significations pourtant très proches, peuvent provoquer des réactions totalement opposées.

C’est pourquoi j’attache tant d’importance à la recherche des mots justes lorsque j’écris. Bien choisir ses mots n’est pas une perte de temps. Au contraire, c’est un moyen efficace de communiquer.

Bleu Encre, Anita Hochstetter

Réalisation Sinabe Sàrl — Design Fanny Aeschlimann
© Bleu Encre 2022 - 2024