J’ai (pas) besoin d’aide !

23 juillet 2024
Chronique

Il y a longtemps, j’ai vécu en direct le burn-out d’un proche. A cette époque, ce syndrome n’était ni reconnu, ni admis. Même l’entourage en parlait à demi-mot, comme s’il s’agissait d’une maladie honteuse. 

Pourtant, des années plus tard, et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, j’en ai été victime moi aussi.  Pourtant, j’en connaissais parfaitement les signes avant-coureurs ! J’aurais donc dû être immunisée ! 

C’est là que j’ai pris conscience qu’être bien informés ne nous préserve pas du danger. Paradoxalement, c’est même souvent l’inverse. Pourquoi ? Parce que nos belles certitudes nous font penser : C’est bon, je gère !

C’est aussi ce que disent ceux qui ne respectent pas la distance de sécurité avec le véhicule devant eux. Jusqu’au jour où un freinage d’urgence porte un coup fatal à votre belle assurance. Et maintenant, qui va gérer ?

A quoi sert l’intelligence que nous déployons à longueur de journée pour régler les problèmes des autres si elle nous fait défaut lorsqu’il s’agit de préserver nos propres intérêts ?

  • Mes mains tremblent légèrement ? Je devrais peut-être diminuer le café.
  • Mon cœur bat un peu trop vite ? Normal, j’ai tant de choses à gérer. 
  • Je ne dors plus ou très mal ? C’est ce nouveau dossier qui me stresse. Dès qu’on l’aura bouclé, ça ira mieux.
  • Je me réveille avec des maux de dos terribles ? Ah cette satanée position assise ! Il faut que je me remette au vélo.
  • Je ne parviens plus à me concentrer ? Cet open space est vraiment une plaie. Si seulement j’avais un bureau individuel …

On a tous des angles morts émotionnels. Bien souvent, ils renvoient à des émotions que nous avons appris à réprimer. 

Cette expérience m’a enseigné que le corps est un baromètre puissant et qu’apprendre à l’écouter n’est jamais une perte de temps. 

PS : Vous cherchez une lecture pour l’été ? Plongez-vous dans « L’art subtil de s’en foutre ! » de Mark Manson qui vous aidera à lever le pied sans culpabiliser. Et surtout, prenez soin de vous et de votre santé !

BLEU ENCRE, Anita Hochstetter

Des mots pour construire des ponts

23 juillet 2024
Chronique

Hier matin, en prenant mon petit déjeuner, je lis qu’une mère de famille originaire d’Érythrée, au bénéfice d’un titre de séjour depuis plusieurs années, prend le bus avec ses deux enfants. Quelques arrêts plus loin, une dame entre et les voyant, saisit l’un des deux jeunes garçons et l’arrache violemment de son siège en l’invectivant de propos racistes. L’enfant est précipité par terre sous le regard médusé des passagers.

Cette histoire ne vous rappelle-t-elle pas quelque chose, ou plutôt quelqu’un ? Une femme noire américaine qui un jour de décembre 1955 refusa de céder sa place dans le bus à un passager blanc ?

hroniqueAu-delà de l’incompréhension que suscite en moi ce geste de la part d’une adulte envers un enfant, c’est sa violence gratuite qui me sidère. Que peut retenir un enfant d’une telle intervention, sinon de la peur et de l’incompréhension ? Quelles images vont s’imprimer à vie dans son inconscient sur la place qui lui revient ? 

Dans ce fameux bus, une seule personne semble être intervenue pour manifester sa désapprobation, les autres se sont tus. Et leur silence a parlé pour eux. Racisme inconscient ou manque de courage ? Qu’aurais-je fait leur place ? 

Beaucoup de gens affirment ne pas être racistes. Pourtant, dès que l’on aborde certains sujets, leurs propos deviennent ambivalents, voire se teintent d’un sentiment de supériorité à peine voilé, celui-là même qui fait le lit des discriminations. Comme le dit la professeure Patricia Roux dans un article sur le sujet : « Nous avons tendance à considérer tout ce qui sort de notre cadre comme étant inférieur.

Mais le racisme qui m’effraie le plus est celui qui se cache et ne dit pas son nom. Celui-là est dangereux parce que comme une maladie infectieuse, il évolue à bas bruit et ce n’est qu’au moment où il explose que l’on prend conscience de la gravité de la tumeur et de l’ampleur de ses ramifications. 

Et c’est parce que j’ignore comment lutter contre ce fléau que j’écris. Se sentir impuissant ne signifie pas que l’on doive se taire. Au contraire. Les mots ancrent la réalité dans les faits et peuvent construire des ponts au-dessus des inégalités.

Et ce sont bien les mots calmes et courageux de l’américaine Rosa Parks qui lui ont permis un jour de faire valoir ses droits et de faire triompher la déségrégation. 

BLEU ENCRE, Anita Hochstetter

Kilométrage

08 juillet 2024
Chronique

Prise de conscience

Et puis il y a ce moment que vous n’avez pas vu venir, où l’aiguille du temps sur le compteur semble osciller dangereusement vers la droite, comme si un fou avait appuyé sur l’accélérateur.

Et là, soudain, une prise de conscience et un décompte s’enclenche : A ce rythme, combien de temps me reste-t-il pour réaliser ce qui me tient vraiment à cœur ?

L’heure du choix

Cette acuité nouvelle agit comme un révélateur et va de pair avec un choix : Dans quelle catégorie vais-je désormais piloter mon bolide ?

  • Les fonceurs, qui vont opérer un virage à 180 degrés pour se redonner de l’élan
  • Les passionnés, qui continueront d’avancer le regard rivé sur la ligne d’arrivée
  • Les indécis, qui vont rester au stand avec les mécaniciens
  • Les résignés, que vous croiserez dans les gradins

Un aller sans retour

Dans le dernier livre que j’ai lu, il est écrit : « La plupart d’entre nous meurent avec encore leur musique à l’intérieur ». 

Je sais, c’est dur. Et pourtant c’est vrai.

Plus jeunes, nous vivions avec un réservoir plein de DEMAIN. La maturité nous fait prendre conscience qu’à cette étape, il est trop tard pour refaire le plein et qu’il est urgent d’utiliser les AUJOURD’HUI qu’il nous reste. Alors, qu’allez-vous faire ?

  • Vous résigner et regarder la course depuis les gradins ?
  • ou tenter votre chance en pilotant au mieux votre engin ?

Recadrage

Rappelez-vous que c’est le regard que nous portons sur les situations qui nous permettent de les changer. On appelle cela le RECADRAGE. 

Je vous propose un jeu :   Prenez la première situation qui se présentera à vous et voyez comment, en la recadrant, vous avez la possibilité d’en modifier l’issue ! Vous risquez bien de trouver de bonnes raisons de continuer !

BLEU ENCRE, Anita Hochstetter

Attendre d’être prêt.e

26 juin 2024
Chronique

Longtemps, j’ai attendu le bon moment, ce moment où je me sentirais enfin prête : à sauter le pas, à passer à l’étape suivante, à m’engager dans une voie plutôt qu’une autre, à défendre mes opinions, à placer des limites, à accepter de déplaire, etc,.

💡 J’avais le sentiment que cette attente était nécessaire.  

💡 Que ce n’était pas une perte de temps, ni une erreur.

💡 Qu’en continuant à attendre, je serais beaucoup mieux préparée. 

Puis un jour j’ai regardé les choses en face :

De quoi avais-je peur ? La vie m’offrirait-t-elle l ‘immunité le jour où je serais enfin prête ? Non, bien sûr ! En prendre conscience me fit saisir l’absurdité de ma pensée.

La vie est par essence imprévisible et c’est ce qui la rend si formatrice. Encore faut-il reconnaître cette notion d’impermanence et accepter que les situations et les personnes évoluent, avec ou sans notre consentement et qu’on y soit préparé ou non.

Je ne suis pas en train d’affirmer que prendre le temps de se perfectionner, d’observer une situation avant d’agir ou de différer une action sont inutiles. Je dis simplement que :

🔷  Lorsque l’attente sert à procurer un sentiment d’immunité, elle n’aboutit jamais au résultat désiré 🔷

Donc la prochaine fois que vous aurez envie d’attendre encore un peu ou d’attendre le bon moment, vérifiez que ce ne soit pas la peur qui soit aux commandes de votre vie.

BLEU ENCRE, Anita Hochstetter

Ma paix intérieure n’a pas de prix !

05 juin 2024
Chronique

Comme beaucoup d’entre vous, j’ai été éduquée dans l’idée de l’effort à fournir. Si je travaille suffisamment dur, je serai récompensée. Et si ce n’est pas le cas, c’est que je n’en ai pas assez fait. 

Mais cette quête prend-elle fin un jour ? Et comment se fait-il qu’après avoir travaillé des années durant avec application, je sois toujours en quête de validation ?

D’où vient ce besoin de répondre aux attentes extérieures ?  Pourquoi vouloir être reconnu et valorisé ? Pour donner du sens à nos vies ? Ou plus simplement pour être aimé ?

En ce qui me concerne, c’est en passant du statut de salariée à celui d’indépendante que j’ai pris conscience de mon besoin d’approbation. Alors que cette nouvelle position hiérarchique aurait dû logiquement me simplifier la vie – puisqu’il m’incombait désormais de valider mes propres actions – c’est tout le contraire qui s’est produit. 

Alors j’ai décidé de reprendre l’histoire depuis le début, avec une personne dont c’est le métier *. Et grâce à elle, j’ai compris que ma responsabilité n’était pas d’en faire toujours plus, mais de comprendre ce qui me poussait à agir ainsi. 

J’ai appris à choisir et à laisser aux autres la responsabilité de leurs choix.

J’ai appris à faire confiance à mes ressentis, même si cela suscite de la désapprobation.

J’ai appris à prendre des décisions fortes, avant que mon corps ne prenne des décisions fortes à ma place !

Et curieusement, le monde ne s’est pas arrêté de tourner. Il a juste ralenti un peu, le temps que je retrouve mon axe. 

Souffrir pour réussir, ce n’est pas de la persévérance, c’est du temps perdu !  La paix intérieure n’a pas de prix. D’ailleurs elle ne s’achète pas. Elle se nourrit du respect de soi.

BLEU ENCRE, Anita Hochstetter

Vous avez un très grand leadership !

09 mai 2024
Chronique

Voici les mots qu’une personne a glissés dans notre conversation récemment.

Je l’ai regardée avec des yeux ronds, pour vérifier qu’elle ne blaguait pas, tout en laissant la phrase infuser en moi même si elle me semblait aux antipodes de l’image que je pensais renvoyer.

Malgré mes doutes et mes imperfections, quelqu’un de sérieux voyait donc en moi une qualité que je semblais posséder sans en avoir conscience. 

Si je n’avais pas fait preuve d’un état d’esprit positif ce jour-là, cette petite phrase lancée dans la conversation aurait pu s’évanouir dans la nature sans laisser de trace.  Mais j’étais attentive et ces mots ont provoqué « une éclaircie » …

Réaliser l’ampleur de ses barrières internes et de ses mécanismes de protection est un premier pas. Car à trop vouloir se protéger, on finit par par bloquer toutes ses actions. Or l’action est la clé pour acter le changement et aboutir au sentiment de fierté légitime d’avoir concrétisé ce qui nous semblait impossible.

Si j’aime accompagner les personnes dans l’écriture, c’est justement pour provoquer ce genre de déclic ! Je les écoute sans jugement, les vois douter de leur style, de leur façon d’écrire et même d’avoir quelque chose d’intéressant à dire. 

Et tout à coup je vois un regard s’éclairer d’un sourire et la JOIE inonder le visage de la personne en face de moi. Mes mots ont provoqué la fameuse ECLAIRCIE !

Dans ces moments-là, je sais pourquoi j’ai choisi ce métier et je repense à la petite phrase que l’on m’a offerte un jour et qui m’a donné le courage de m’élancer.

BLEU ENCRE, Anita Hochstetter

« J’ai toujours peur de ne pas trouver les mots justes ! »

16 avril 2024
Chronique

Cette phrase, je l’entends souvent et la première question qui me vient à l’esprit c’est pourquoi cette peur est-elle là ? 

POURQUOI est un mot que j’aime beaucoup, car en lieu et place de juger, il cherche à comprendre en nous invitant à regarder au-delà des apparences. J’utilise régulièrement cette forme de questionnement philosophique pour entraîner mon esprit à quitter les chemins balisés. J’aime aussi proposer ce type de réflexion dans mes ateliers d’écriture, parce qu’elle fait apparaître des éléments qui parfois, viennent un peu nous bousculer.

Exercice pratique :

– Pourquoi ai-je de la difficulté à trouver mes mots ?

– Réponse possible (il y en a d’autres) : Parce qu’on m’a toujours dit que j’étais nul en orthographe !

– Pourquoi ce jugement influe-t-il sur ma capacité à écrire ?

– Parce qu’il insinue le doute dans mon esprit.

– Pourquoi ce doute m’empêche-il de m’exprimer ?

– Parce que je crains d’être pris en flagrant délit d’incompétence !

– Pourquoi me jugerait-on incompétent ?

– Parce que le milieu professionnel ne valorise que la performance.

– Pourquoi chercher à être performant à tout prix ?

– Parce que cela rassure.

– Pourquoi la performance est-elle rassurante ?

– Parce qu’elle donne un sentiment de maîtrise.

– etc.. 

Je pourrais continuer mais je pense que vous avez saisi l’idée, qui consiste à toucher du doigt la vraie problématique, afin de trouver le moyen de la résoudre. Dans cet exemple, la personne associe écriture et maîtrise, ce qui la maintient prisonnière au lieu de l’encourager à oser.

Chasser vos doutes consistera à congédier le censeur (réel ou imaginaire) qui se penche sur votre épaule et vous susurre : « Ton texte est nul, tu n’as rien de valable à dire ». Car en réalité, vous avez beaucoup de choses à dire mais vous les taisez, de peur d’être jugé.

Dans les ateliers d’écriture que j’anime, chacun.e est le rédacteur en chef de ses propres sujets. Je veux dire par là que l’objectif n’est pas de produire des textes estampillés « parfaits » mais d’avoir la curiosité de les placer dans le réel pour voir l’effet qu’ils produisent. Le tout dans un espace totalement « safe » qui n’est pas là pour vous juger. Le seul risque que vous courez est de découvrir que vous avez bien plus d’imagination que vous ne le pensez. Et croyez-moi, ressentir cette émotion, c’est fou ce que ça libère comme énergie !

BLEU ENCRE, Anita Hochstetter

I have a dream

10 avril 2024
Chronique

Si cette phrase est devenue célèbre, ce n’est pas la conséquence d’un heureux hasard ou d’un alignement favorable des planètes. Non, si ces quatre mots ont réussi à traverser les époques, c’est parce qu’ils ont permis à des milliers de personnes de s’y reconnaître et d’espérer un avenir meilleur.

Pourquoi cet exemple ? Parce qu’écrire une phrase capable de marquer les esprits pourrait, à première vue, sembler à la portée de chacun. Mais tout en étant convaincue des infinies capacités créatives de l’être humain, je sais que c’est loin d’être un exercice aussi facile.

Résumer l’espoir en quelques mots nécessite sans aucun doute un patient travail de réflexion et une grande clarté mentale. Car c’est en analysant sans relâche nos mouvements les plus intimes que l’on apprend à discerner les variations de rythme du monde qui nous entoure.

J’aime beaucoup la vision de Colette qui recommandait « d’écrire comme personne avec les mots de tout le monde ». Je suis aussi sensible aux métaphores, comme celle de la fleur de lotus qui fleurit dans la vase et qui, par sa beauté, est capable de transformer votre vision de la boue. Car c’est bien là, dans la boue de la vie, que vous devrez plonger vos doigts si vous voulez que l’on se souvienne de vos mots. 

Avoir passé beaucoup de temps à éclairer mes zones d’ombre me permet aujourd’hui de créer de la beauté là où règne la dysharmonie. En d’autres termes, d’écrire avec fluidité ce qui vous vient à l’esprit. Il paraît qu’on appelle cela sa « zone de génie ». 

Et vous, quelle est votre zone de génie ?

BLEU ENCRE, Anita Hochstetter

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